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« A quelques détails près… » - Extrait
Mon père se marre, puis, sans prévenir, se tourne vers celui qui ne moufte pas et cherche désespérément à lui annoncer la visite de son meilleur copain du ton le plus naturel dont il aimerait disposer s’il n’était pas coincé comme un doigt dans une porte. Genre celui qu’il emploierait pour le prévenir du passage du releveur de compteurs à gaz.
Mais je n’ai pas le temps de l’ouvrir, que déjà :
— Et ton copain, comment ça va ?
Je regarde mon frère d’un sale œil. Il a cafté ou quoi ? Il s’en défend vite :
— Je n’ai rien dit.
Je n’en ai aucune envie, mais au point où on en est, il faut y aller.
— Il va bien… Ça tombe bien que tu me parles de lui, parce que je voulais te dire qu’il va venir demain soir. On a des trucs à vous dire.
Et Matéo qui continue son petit numéro :
— Je ne suis pas un spécialiste, mais pour un fils de flic, je le trouve super sympa, Dylan.
Putain Matéo, tu vas la fermer ! Et mon père bien sûr de sauter sur l’occasion :
— Tu n’es pas un spécialiste de quoi ?
— Ben… Je veux dire… De ce côté-là, quoi…
— Mais de quoi tu parles ?
Au petit sourire en coin de mon père, je comprends qu’il nous fait marcher. Et Matéo qui s’emberlificote dans son monologue foireux...
— Ben… En fait, je voulais dire que…
Mais ça ne sort pas, il bogue, comme les premières versions de Windows.
— Oui ? Tu voulais dire quoi ? Ça m’intéresse.
— Que je n’y connais rien côté fils de flics et tout ça, quoi…
— Surtout que son père est éditeur. C’est son beau-père qui est flic, que je la ramène.
— Tu le savais ?, s’étonne mon père.
— Tu me l’avais dit lors de la soirée Police. Il me l’a confirmé depuis.
Et Matéo, pourtant au bord du gouffre, qui ne lâche pas l’affaire :
— Donc, en fait, s’il est beau, ce n’est pas grâce au flic. Non, parce que je voulais dire… Je n’y connais rien, mais il n’est pas laid, comme mec. Et super gentil, en plus…
— Beau ? Pas laid ?, s’ébahit mon père. C’est quoi ce truc de maquignon, Matéo ? Tu fais dans le recrutement de mannequins pour Valentino ?
Là, je n’en peux plus. J’explose d’un rire nerveux :
— Matéo, s’il te plaît, ferme-là !
Et mon père de soupirer :
— Eh bien ! Me v’la bien, avec deux fils qui s’intéressent aux beaux mecs !